Bienvenue à COCOWE
S’installer dans un logement décent et abordable, dans un voisinage accueillant et sécuritaire,
constitue une étape primordiale dans l’établissement des nouveaux arrivants au pays. Plus qu’un
simple toit, accéder au premier logement permanent permet d’organiser la vie quotidienne et
d’accéder aux services visant l’insertion linguistique et économique. Souvent ce premier logement
répond aux exigences de base mais pas plus, à cause du contexte migratoire, des ressources
financières très restreintes, ou des faibles connaissances du marché de la part des personnes
immigrées qui, à moyen terme, aspirent à améliorer leur qualité de vie résidentielle. Dans notre
système d’habitation, cette deuxième étape passe essentiellement par le passage de locataire à
propriétaire, qui revêt une importance tant symbolique que matérielle comme gage de réussite de
l’insertion dans la société nord-américaine.
Le secteur du logement social ne rejoint qu’une petite proportion des ménages à Windsor-Essex ,
la capacité de se loger convenablement sans se priver d’autres nécessités de la vie dépend de
l’accessibilité du logement sur le marché privé (le niveau du loyer par rapport au revenu). La vaste
majorité des immigrants francophone à Windsor-Essex sont admis dans la catégorie économique.
Si pour bon nombre de ceux-ci, l’insertion économique va bon train, plusieurs se trouvent au rang
des travailleurs pauvres en raison de la non-reconnaissance de leurs titres de compétences et leur
expérience de travail à l’étranger. Comme on peut s’y attendre, le faible revenu est encore plus
fréquent chez les personnes admises comme réfugiées alors qu’il est moins fréquent chez celles
de la catégorie de réunification familiale pouvant compter sur le soutien de leurs proches.
En 2020, chez l’ensemble des locataires résidant à Windsor-Essex, plus d’un ménage sur cinq était
en situation de besoins impérieux. Ce taux s’élevait à 26,4% chez les ménages dont le soutien est
une personne ayant immigré au Canada il y a moins de 5 ans. Or le taux des besoins impérieux
des immigrants récents à Windsor varie beaucoup selon la catégorie d’admission au pays,
s’élevant à 35% chez les ménages admis en tant que réfugiés et à 45% chez les réfugiés pris en
charge par le gouvernement ou par un groupe de parrainage privé.
À Windsor-Essex comme dans les autres grandes villes, le critère de l’abordabilité est le principal
facteur contribuant aux besoins impérieux de logement des personnes immigrantes et non
immigrants. Toutefois, comparés aux autres habitants de Windsor éprouvant aussi des besoins
impérieux, les immigrants francophones récents sont un peu plus susceptibles de vivre dans un
logement nécessitant des réparations majeures. Selon une enquête récente confirmant les
expériences de terrain, les organismes communautaires œuvrant dans les quartiers d’accueil des
nouveaux arrivants constatent que le logement insalubre est un problème plus fréquent chez les
immigrants nouveaux arrivants.
En outre, l’entassement dû à l’exiguïté du logement par rapport à la taille et la composition du
ménage est une source plus importante de besoins impérieux chez les immigrants récents et
particulièrement chez les personnes réfugiées.
Enfin, la pandémie de la covid-19 a mis en exergue l’importance des conditions d’habitation pour la
santé des résidents. Le risque de transmission au sein du ménage s’accroît lorsque la taille de
celui-ci est insuffisante pour permettre l’auto-isolement d’un membre atteint du virus. L’entassement
résidentiel s’est ainsi avéré un facteur de risque additionnel, surtout pour les ménages ayant des
membres travaillant dans les services essentiels, ce qui est souvent le cas chez les personnes
immigrantes et réfugiées. Et si le ménage est multigénérationnel, le risque est encore plus grand
pour les aînés qui y vivent.
Qu’il s’agisse de la recherche du premier logement permanent, ou des démarches pour déménager
dans un logement plus convenable, de nombreuses études scientifiques dont des enquêtes
menées à Windsor démontrent que les immigrants francophone récents font très souvent face à
des obstacles qui vont au-delà de leur capacité financière ou de la pénurie de logements
abordables convenant à la taille de leur famille. L’absence de références ou cote de crédit émises
au Canada est une barrière fréquente. Alors que la Société canadienne d’hypothèques et de
logement a instauré un programme pour aider les nouveaux arrivants qui veulent devenir
propriétaires sans antécédents de crédit, rien n’existe pour aider les locataires à cet égard. Ainsi
les bailleurs exigent souvent un dépôt élevé ou un contresignataire de bail comme garant, ce qui
pose un défi majeur pour les personnes sans parenté ou amis déjà établis au pays. De surcroît, un
nombre préoccupant de nouveaux arrivants vivent de problèmes de logement dus à la
discrimination fondée sur le statut d’immigration, notamment les demandeurs d’asile, ou sur
l’origine ethnique. De telles pratiques de la part des bailleurs résidentiels, illégales selon la Charte
des droits de la personne, ont pour effet de restreindre encore plus les choix résidentiels et
d’accroître le risque de se trouver dans un immeuble mal entretenu ou dans un logement insalubre.
A Windsor, la Cocowe ( communauté congolaise de windsor ) apporte l’appui a la recherche de
logement pour les nouveaux arrivants leur offre des services pour pallier les obstacles d’accès à un
logement décent et abordable. Pour ce faire, elle fonctionne sur fonds propre issue des cotisations
de ces membres et ils sont appuyés par le travail des bénévoles. Entre autres, cocowe collabore
avec des propriétaires plus accueillants; tiennent des inventaires de logements disponibles;
expliquent aux clients le fonctionnement, qui peut paraître opaque, de notre système de logement
et prodiguent des conseils aux personnes qui se présentent avec un problème de logement.
La cocowe n’arrive pas à répondre à toutes les demande car sa capacité opérationnelle est réduite
d’où l’impérieuse nécessité de trouver un financement pour répondre à cette problématiques
urgentes
En quoi pourraient alors consister des réponses progressistes aux enjeux et défis soulevés?
Esquissons en conclusion quelques éléments de politiques qui tiennent compte des points
de vue des intervenants clés du milieu de l’établissement des nouveaux arrivants consultés
lors des recherches antérieures.
Jean Claude KILOZO
Gestionnaire de projet/ COCOWE